UNE SAGA DE TRESSEURS AUVERGNATS : ÉPISODE 5 - PIERRE OMERIN
Pierre et ses filles Marie et Anne, qui représentent l’avenir de l’entreprise
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Thibault Omerin, fondateur du Tresseur, dont vous connaissez les lacets colorés et personnalisables, est né dans une famille de tresseurs, forte de six générations successives dans le domaine.
Outre le savoir-faire qui se transmet au fil des générations, c’est surtout une épopée d’entrepreneurs différents, s’inscrivant dans des périodes particulières, marquées par le contexte économique de l’époque. C’est ce que nous vous proposons de découvrir au cours de cette « série » consacrée à chacun des membres de la saga.
Dans ce cinquième épisode nous retrouvons Pierre Omerin : L’expanseur !
Pierre Omerin (1965- ) : L’Expanseur
Nous avons quitté notre histoire familiale avec la passation de pouvoir entre Gabriel et son fils Pierre, 5e génération de tresseurs Omerin.
Pierre est né en 1965, cinq ans avant que ses parents ne viennent s’installer à Ambert pour reprendre l’usine familiale. Troisième de la fratrie, il suit après le lycée des études techniques, puis de gestion, et passe une année de formation linguistique en Angleterre. Son frère ainé se dirige alors vers la publicité et la communication, domaines où il fera toute sa carrière ; sa sœur Claudie, diplômée de l’ESC Clermont, passera près de 8 ans en Italie avant de revenir dans l’entreprise. Pierre est donc l’homme de la situation pour rejoindre son père et prendre, quand son tour viendra, le flambeau de l’histoire de famille.
Entré en 1988 dans une société qui ressemble encore un peu à celle de son grand-père, c’est lui qui, sans conteste, connaitra et réalisera les plus gros bouleversements de l’entreprise, à commencer par le déménagement en zone industrielle d’Ambert, décidé par son père.
Pierre, 5e génération à la tête de Tresse Industrie depuis 1997
De nouvelles têtes…
Pierre commence donc son apprentissage de tresseur. Il apporte aussi un vent nouveau et une envie de s’entourer d’autres collaborateurs, dont son ami Gilles Clément, qui deviendra non seulement son beau-frère mais son bras droit. C’est aussi le cas pour développer un nouveau laboratoire de recherche.
Ainsi, en même temps que l’usine voit arriver de nouvelles machines, de nouveaux ateliers, et en toute logique de nouveaux débouchés, l’effectif grossit et passe d’une vingtaine d’employés à une petite cinquantaine jusqu’au milieu des années 2000. En 1997, Pierre devient PDG de Tresse Industrie.
Façade de Tresse Industrie et siège de Texprotec
Croissance externe
Parallèlement au développement de Tresse Industrie sur son site d’Ambert, l’entreprise va également progresser tout d’abord par la création en 2001 de l’atelier Monofil, aujourd’hui installé à Marsac-en-Livradois, afin d’extruder le fil servant au tressage des gaines monofilament, principale activité de Tresse Industrie à cette époque.
Puis en 2011 débute la croissance externe avec l’acquisition de la société Electro Shunt, basée dans les Ardennes et spécialisée dans le tressage métallique. C’est l’occasion pour Pierre et sa sœur Claudie de créer Texprotec, une société holding pour animer le groupe nouvellement formé.
Six mois plus tard, ce sera le rachat de la société Lejeune, près de Chartres, qui fabrique et commercialise des tresses conductrices et des gaines de protection mécanique.
Enfin, en 2018, le groupe se lance à l’étranger avec la création de Texprotec de Mexico, issue d’une joint-venture avec une entreprise de León, dans le puissant bassin mexicain de production automobile pour l’Amérique du Nord.g
Texprotec et ses entités
Pierre avec son père Gabriel et sa sœur Claudie, co-partenaire de Texprotec
Un nouveau fer de lance
Dans le même temps, Tresse Industrie poursuit son développement en innovant et en se tournant vers des produits de plus en plus techniques, en particulier dans le domaine de l’industrie automobile. C’est ainsi que Pierre et ses collaborateurs ont mis au point et commercialisé des gaines de blindage électromagnétique qui répondent parfaitement au besoin du marché des véhicules électriques. Une success story qui leur permet de livrer des grands constructeurs automobiles dont Renault-Nissan. Et demain ceux du marché américain, tel Tesla.
Fort de ce nouveau produit phare, l’effectif de Tresse Industrie a doublé en cinq ans et celui du groupe Texprotec approche les 200 employés.
Parmi ces nouvelles têtes, Pierre est aujourd’hui fier d’y voir celles de deux de ses filles, Anne et Marie, qui après leurs premiers pas d’ingénieures dans des multinationales, ont rejoint la PME familiale afin de construire à leur tour l’histoire de la 6e génération.
La gamme de tresses et gaines blindées équipe les véhicules électriques
Le personnel de Tresse Industrie lors du dernier séminaire d’entreprise
Travailler ensemble c’est aussi se donner des défis comme celui de participer chaque année à la Cyclo des Copains
Contexte
L’époque récente de l’industrie n’est plus celle des générations précédentes. La concurrence est plus lointaine et le jeu parfois plus déloyal quand les normes et règles françaises et européennes brident ici ce qui ne l’est pas ailleurs.
Autre difficulté inconnue précédemment, celle du recrutement. Aujourd’hui, ce ne sont plus les candidats qui doivent se vendre pour séduire les employeurs, mais le contraire ! Et l’effort est d’autant plus grand quand, les postes devenant de plus en plus qualifiés, il faut continuer d’attirer dans un petit bassin d’emploi et une région somme toute isolée.
Nouveauté enfin pour cette génération d’employeurs : la Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises, dont se moquaient sans aucun doute les générations de patrons précédentes. Aujourd’hui, on se soucie de ce que l’entreprise produit, consomme, rejette. On recherche, tant que faire se peut, le bien-être des employés, leur égalité, leur équilibre, leur fierté d’appartenance. Ce sont de nouveaux enjeux et, il semble que Pierre Omerin, ses filles et les cadres travaillant sur ces domaines, en soient non seulement soucieux, mais y réussissent fort bien !