LE LACET, C'EST TOUTE UNE HISTOIRE
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Aujourd’hui, nous avons décidé de vous raconter l’histoire du lacet car, comme à peu près toutes les choses qui nous entourent et nous sont familières, le lacet a une histoire qui a traversé les siècles depuis que l’homme a décidé de porter des chaussures ou, tout du moins, de protéger ses pieds. Découvrons cela ensemble…
Une histoire liée… à celle de la chaussure
Depuis que notre très ancien ancêtre Homo Erectus a décidé de se tenir debout, il a eu idée de protéger sa plante de pied (qui pourtant était assurément moins chatouilleuse que les nôtres) du contact avec un sol dangereux du fait des aspérités, des piquants, de la chaleur ou du grand froid. Et ceci même avant l’arrivée des tous premiers vêtements. L’idée la plus simple était d’entourer son pied de peau de bête et de fixer le tout au pied avec… les moyens du bord : lanière de cuir, fibres végétales, etc. Le lacet était né ! Du moins son concept. On peut donc dire avec certitude que l’homme a porté des lacets avant de mettre un slip ! Si on ne peut pas parler de mode à cette très lointaine époque, on peut dire que la chaussure est le premier accessoire d’habillement de l’humanité.
Les premières preuves concrètes de cette histoire sont des peintures rupestres datant de 15000 ans avant notre ère où l’on voit des chasseurs portant des bottes en peau ou en fourrure. La toute première chaussure en cuir date de 4000 ans avant J-C. Elle s’enfilait par le dessus et les deux pans de cuir se refermaient sur le dessus du pied et étaient tenus par un lacet de cuir qui resserrait ces deux parties depuis le centre des orteils jusqu’à la cheville. Quelques siècles plus tard, le chasseur Ötzi nous a laissés bien involontairement un témoignage complet de sa vie (et de sa mort) et de son équipement, lorsque deux randonneurs ont retrouvé sa momie congelée dans un glacier autrichien. Voici la réplique de cette chaussure « fourrée » de paille et fermée par un lacet de cordage torsadé :
Crédit photo : Josef Chlachula
De l’importance du lacet
Selon les âges, les lieux, les cultures, les climats, l’homme (et la femme bien entendu) a imaginé des types de chaussures adaptés à son mode de vie et à la fonction qu’il leur prêtait. Par exemple, les chaussures de l’Égypte ancienne étaient des sortes de tongs faites de brins de papyrus. Leur fonction était de protéger leurs pieds du sable brûlant.
Les soldats romains étaient équipés, quant à eux, de « caligae », une sandale à semelle cloutée, nouée fermement à la cheville et au mollet par des lacets de cuir. Cette chaussure robuste et bien ajustée leur a permis d’être de grands marcheurs et de rapides guerriers. Et oui, sans lacets, l’empire romain n’aurait sans doute jamais existé !
Crédit photo : Matthias Kabel
Selon l’usage, il est utile ou non de doter la chaussure de lacets. Les tongs, les espadrilles, les pantoufles, les bottes et bottines, les sabots et galoches, et tous les modèles associés depuis des lustres n’en n’ont pas besoin, car le pied est enfilé à l’intérieur plus ou moins facilement et n’a pas besoin d’être tenu (pour la botte si, mais c’est sa hauteur qui assure le maintien). Par contre, pour tous les autres types de chaussures où le pied doit être bien tenu, il est nécessaire d’avoir un modèle « ouvrant » et ensuite « fermant » grâce à une sangle, un lacet, un ruban, une boucle, un fermoir (et aujourd’hui un scratch).
Pour en arriver au lacet
Nous l’avons vu, les chausseurs ont utilisé toutes sortes de liens pour fermer la chaussure. Lanières de fibres végétales torsadées, cordons de cuir, rubans tissés, etc. Nous n’en sommes pas encore au lacet tressé que nous connaissons tous.
Avant cela il y eut une première invention et un dépôt de brevet en 1790 par un certain Harvey Kennedy (sans rapport avec Mister President) qui est l’officiel inventeur du « lacet moderne ». Ce brave américain n’a pas inventé le lacet, puisque l’on vient de voir qu’il vient de la nuit des temps, mais il a juste eu l’idée brevetée de doter le bout de ses lacets de cuir d’un aglet métallique, sorte d’aiguille (le mot aglet vient de là) qui permet d’enfiler le lacet dans l’œillet ou la boucle de la chaussure. Cette petite invention de rien du tout a permis à notre heureux homme – avec sa tête à vendre des lacets – à encaisser en profit près de deux millions et demi de dollars de l’époque, soit près de cinquante milliards d’aujourd’hui ! Tout ça pour un bout de fer blanc, d’étain ou de cuivre…
Crédit photo : © American Duchess
Et la tresse dans tout ça ?
Quelques années avant notre ami milliardaire, des européens inventent les premiers métiers à tresser. Le premier est inventé par un anglais, Thomas Waldford, amélioré par un allemand, Bockmüll, sur un métier en fer et perfectionné par un français, E. Perrault, qui le fabrique en bois avec arrêt automatique quand un fil casse. Ce sont ces fameux métiers Perrault qu’un entrepreneur de la Loire, Richard Chambovet, développe et multiplie par centaines pour créer à Saint-Chamond (42) la première capitale française du lacet, qui essaimera un peu plus tard dans les vallées du Gier et du Dorlay et dans celles d’Ambert (63).
C’est le fameux lacet tressé que nous connaissons tous, plat, rond, large ou fin, en coton essentiellement, mais aussi en chanvre, en lin, plus tard en nylon, polyamide ou polyester. Aujourd’hui, l’aglet (ou ferret) de métal a presque disparu et est remplacé à 99% par le plastique ou la cellulose.
L’histoire du lacet continue…
Appréhender l’Histoire ce n’est pas seulement regarder dans le rétroviseur. Celle du lacet est vivante. Il s’en vend plusieurs milliards de paires chaque année. Et l’innovation elle aussi continue : lacet élastique, lacet en silicone, lacet en forme de tire-bouchon ou attache-œillet pour ceux qui veulent ledit bouchon encore plus loin.
Mais on peut aussi rester dans la tradition française du lacet tressé mais en lui apportant à lui aussi sa dose de modernité. C’est le choix du Tresseur et de ces fameux embouts métalliques interchangeables ! Comme quoi l’histoire du lacet peut encore s’écrire au futur…