AMBERT, CAPITALE MONDIALE DE LA TRESSE
Crédit Photo : Tresse Industrie
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Ambert. Pour ceux qui ne connaissent pas (personne n’est parfait !), il s’agit d’un gros bourg d’un peu moins de 7000 habitants, sous-préfecture du Puy-de-Dôme, dans la vallée de la Dore entre les monts du Livradois et du Forez. Connu par-delà les frontières pour le nom d’un fromage – la fourme – qui n’est quasiment plus produit dans la vallée, Ambert devrait l’être ô combien davantage pour son industrie majeure : la tresse (et ses dérivés).
Commençons par le début et remontons le fil de l’histoire. En des temps anciens, du XVIe au XVIIIe siècle, Ambert était alors la capitale française du papier. Par le fait des croisades, de la qualité de l’eau, de la force hydraulique des ruisseaux et aussi, soyons honnêtes, du hasard, l’industrie papetière s’est développée le long de trois ruisseaux principaux jusqu’à faire tourner près de 400 moulins et occuper plusieurs milliers de compagnons. Louis XIV, lui-même, ne jurait que par le papier « à la feuille » d’Ambert ! Mais la mécanisation et l’industrialisation du papier ont réduit, petit à petit, cette richesse locale à néant.
Le début de l'industrialisation
Pendant ce temps, au début du XIXe siècle, débutait, non loin d’ici, un autre type d’industrie : celle des galons et des lacets. C’est en effet à Saint-Chamond, ville de la vallée du Gier, proche de Saint-Etienne, qu’un certain Richard Chambovet s’installe après avoir acheté à un brocanteur ses premiers métiers à tresser (métier inventé vers 1750 à Manchester et introduit 30 ans plus tard en France). En quelques années, Chambovet – qui travaille d’abord pour les soyeux lyonnais – développe son affaire. Accompagné par de nombreux concurrents, il fait de Saint-Chamond, en ce milieu du XIXe siècle, la capitale française du lacet avec plusieurs milliers de métiers et de l’ordre de 3000 à 4000 emplois. D’abord orientée sur la passementerie, l’industrie se diversifie vers le lacet, le galon, le ruban et toutes sortes de tresses pour tout usage.
Toutefois, en moins de 100 ans, cette capitale changera de lieu !
Richard Chambovet (1772 – 1851)
De l'autre côté de la montagne
De la vallée du Gier, à celle de la Dore, il n’y que les Monts du Forez à passer. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, quelques artisans-tresseurs franchissent la montagne et viennent s’installer à Ambert. Pour quelles raisons ? Sans doute pour profiter de la force de l’eau, inusitée par les moulins à l’abandon, pour trouver une main d’œuvre laborieuse et très nombreuse en ces temps et peut-être du fait de quelques mariages.
De cette première génération de tresseurs installés à Ambert et venus de l’extérieur on notera les noms de Berne, Rivollier, Celeyron, Gauthier…). Très vite ils développèrent leurs fabriques et leurs productions.
Ils furent alors rejoints au début du XXe siècle par des entrepreneurs locaux désireux de faire aussi bien que leurs voisins. Ces nouvelles familles s’appelaient Joubert, Chevaleyre, Omerin, Favier, Sauvade, Col, Béal, Tamet…
Le temps passe l'esprit d'entreprendre reste
Plus d’un siècle plus tard, plusieurs de ces familles sont toujours là et ont très largement prospéré. Les ateliers artisanaux de grand-papa, où les poules picoraient dans la cour, sont devenues des PME avec pignons sur rue, voire des groupes internationaux, leaders mondiaux dans leur domaine, faisant ainsi d’Ambert la capitale mondiale de la tresse.
Crédit photo : Groupe Omerin
Quelques exemples :
GAUTHIER FILS : Cette Entreprise du Patrimoine Vivant, existe depuis 1872 et est sans doute la dernière de la région à produire des lacets, galons, rubans, cordons et tresses, comme les générations précédentes. L’entreprise s’est aussi développée en rachetant d’autres sociétés locales. Elle emploie aujourd’hui une soixantaine de collaborateurs. On retrouve ses nombreuses références dans l’univers de la mode et du luxe.
C’est cette entreprise, au savoir-faire séculaire, qui fabrique la tresse des lacets Le Tresseur.Cette